Un vieux moine et un jeune moine bouddhistes se rendent à un monastère. Chemin faisant, ils arrivent à une rivière. Sur la berge, une jeune fille désemparée. Elle pleure.
– le courant est trop fort et je n’arrive pas à passer !
Le jeune moine lui sourit, lui tend la main, remonte son froc, la prend sur son dos, lui fait passer le gué. Les deux religieux reprennent leur chemin. Le vieux ne cesse de ronchonner. Au bout d’un moment, il éclate :
– tu connais les règles ! Un moine ne doit pas toucher une femme sous peine de charger son karma. Comment as-tu pu faire une chose pareille ?
Le jeune lui sourit avec douceur :
– Moi, cette jeune fille, je l’ai laissée sur la berge. Mais toi, tu la portes encore.
Les deux comparses poursuivent leur chemin. Les voilà marchant le long d’un fleuve. Mais qu’est-ce qui s’agite dans le courant ? Un homme ! Le vieux moine s’assied, joint ses mains, rentre en méditation. Le jeune, scandalisé, lui demande :
– Mais que fais-tu ? Tu ne vois pas que cet homme est en train de se noyer ? Ce n’est pas le moment de prier mais de lui porter secours !
– Ecoute : cet homme a t’il voulu mettre fin à ses jours ? Qui suis-je pour interférer avec sa décision ? A t’il été puni pour des crimes ? De quel droit pourrais-je décider de son karma ? Je ne sais qu’une seule chose, c’est que je ne sais rien. Alors, je prie pour qu’il ai une meilleure incarnation. Et toi ? Que fais-tu ?
– Je ne sais pas nager.
– Moi non plus.
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