C’est une plante de mauvaise réputation, de celles que chantait Brassens. Mal aimée, car réputée toxique son surnom invite à passer son chemin : navet du diable ! Mais toxique pour qui ? Pour nous, certes, mais pas pour tout le monde : elle est indispensable pour une charmante petite abeille, l’Andrena florea. Et oui, il faut arrêter ne penser qu’à partir de nos petits besoins humains. Et puis d’ici à ce qu’un enfant ne s’avise à manger ses fruits… ce sont des choses qui n’arrivent tout simplement pas. Tout comme son cousin le concombre et nombre de membres de sa famille des cucurbitacea, elle se comporte en liane. Chez nous, la Bryone escalade un bout de façade, à l’arrière de la maison. Sa floraison est ravissante, aérienne, toute en légèreté, avec ses petites fleurs vertes tirant sur le jaune.
En fait, sa mauvais réputation provient aussi de ce que la Bryone a été utilisée à la Renaissance pour confectionner des amulettes. On utilisait pour cela sa racine, qui forme parfois des motifs plus ou moins anthropomorphes. On l’habillait comme une poupée avec des vêtements miniatures et on la portait sur soi, bien cachée, cela va de soi, afin d’attirer la bonne fortune. En fait, ceux qui en avaient les moyens préféraient se payer une racine de Mandragore, plante magique par excellence. La Bryone, c’était donc la Mandragore du pauvre.

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