Ici, ailleurs, partout, le camp d’en face est déchainé. Tout l’hiver, dans les communes autour de chez nous, il y a eu des coupes rases, comme s’il fallait tout faire disparaitre avant fermeture de la boutique. Des vieux aigris proclament ouvertement « après moi le déluge ». Ils ne sont pas forcément méchants. Ils sont surtout abîmés. Un conseiller à la chambre d’agri nous a déclaré carrément que c’est pas parce que les haies et la biodiversité ont disparu ailleurs qu’il faudrait les ménager ici. Genre on n’arrête pas le Progrès. Pauvre homme ! Ces gens là sont des misérables qui ignorent la vraie richesse. Leur religion du Progrès et de l’Argent les rendent sourds, aveugles, souvent même pervers et haineux. J’ai de la pitié pour eux. Mais pas question pour autant de se laisser malmener. On a des zones à défendre, nos familles, notre bonheur, notre avenir. Nos jardins et nos forêts, nos collines et nos prairies, sont autant de petites oasis de biodiversité, de petites zones à défendre. Il s’agit de la santé mentale et physique de nos familles, de notre bonheur présent et de notre avenir, En considérant le sauvage comme un allié, nous parvenons à cultiver des petits coins de paradis sur Terre. Voilà qui vaut tout l’or du monde. Que ce soit à partir d’un terrain privé ou public, chacun peut y participer. Souhaitons surtout aux frustrés, aux haineux et à tous ceux qui nous emmerdent de trouver ce bonheur simple et naturel ! Certains commencent à parlent de jardins thérapeutiques. Je pense aussi qu’une certaine pratique de la Nature permet de soigner nos névroses. On se sent bien, on fait ce qu’on a à faire, les oiseaux chantent et le monde est beau. Que désirer de plus ? Quand bien même le monde est traversé par des souffrances, ces espaces sont nécessaires pour pouvoir se ressourcer et être simplement, réaliser pleinement notre nature d’être humain. Humain, Humus, Humilité. De l’indo-européen, hum, le sol, la terre, notre Terre. Certains n’y verront que poésie. D’autres un sens à la Vie, une direction. Que nous le voulions où non, c’est notre condition. Les mythes anciens nous racontent que nous sommes fait de glaise et que poussière, nous retournerons à la poussière. C’est vrai, la mort est notre destinée. A l’échelle des espèces, l’Homme est un nouveau né, mais déjà, il a un pied dans la tombe. Peut-être que nous ne serons qu’un flash dans l’infini de l’Histoire de la Vie. Ou plutôt, une météorite. Un événement soudain et cataclysmique. Qu’importe. La Vie ne s’arrête pas avec nous et continue toujours d’évoluer. En attendant, j’ai passé une belle journée. Malgré la pluie, j’ai enfin clôturé la parcelle des Houx et mes brebis mangent une herbe grasse. Le Printemps fleurit et Mathilde a transformé des tisanes. Tienou a gagné aux échecs et on s’est bien amusé. Cette après-midi, un arc-en ciel a jaillit du jardin. Comme chacun sait, là où nait un arc en ciel, il y a un trésor.